• 4 condamnations à mort, des peines de prison allant de 2 à 120 ans et 5 non-lieux
• Le comité de défense du martyr : la responsabilité des dirigeants d’Ennahdha dans l’assassinat est avérée
• Le ministère public réclame des peines extrêmes
Le 1er substitut du procureur de la République près le Tribunal de première instance de Tunis, Aymen Chtiba, a indiqué devant un parterre de représentants des médias, lors d’un point de presse tenu à l’aube de ce mercredi 27 mars 2024 au siège dudit tribunal, que la 5e Chambre criminelle spécialisée dans les affaires de terrorisme a prononcé son verdict, et ce à l’encontre de 23 accusés impliqués dans l’affaire de l’assassinat du martyr Chokri Belaïd.
Ainsi, quatre accusés ont été condamnés à mort, deux autres à la perpétuité, alors que plusieurs autres ont écopé de peines allant de deux à cent vingt ans de prison avec exécution immédiate. En outre, des décisions de non-lieu ont été prononcées en faveur de cinq accusés tandis que tous les accusés doivent être soumis à la surveillance administrative pour une durée allant de 3 à 5 ans Aymen Chtiba n’a pas divulgué les noms des accusés condamnés à la peine capitale et ceux ayant écopé d’une peine à perpétuité, mais il a précisé, à la fin de son intervention, que les détails de tous les jugements ont été consignés au secrétariat du Tribunal.
A l’issue de cette annonce des verdicts, Me Mohamed Jemour a indiqué, dans une déclaration accordée à La Presse et Assahafa, que la Cour devait prononcer les jugements lors d’une audience publique et en lire tout le texte en présence des accusés et des membres du Comité de défense du martyr et des avocats des accusés conformément au dernier alinéa de l’article 164 du Code de procédure pénale.
Commentant les verdicts prononcés, Me Jemour a précisé qu’ils seront étudiés avant que le Comité ne décide d’interjeter appel ou non, dans le sens de voir si le jugement répond aux demandes de ceux se portant partie civile, en l’occurrence le Parti des patriotes démocrates, l’Ugtt, l’Ordre des avocats, l’Association des jeunes avocats, l’Association tunisienne des femmes démocrates et la Ltdh.
Me Jemour a ajouté que ces parties procéderont, à leur tour, à l’étude des verdicts et décideront de la suite qu’elles jugeront adéquate.
Il est à rappeler que lors de leurs plaidoiries devant la Cour de la 5e Chambre criminelle, les avocats du Comité de défense ont assuré que le martyr Chokri Belaïd avait subi un véritable harcèlement politique de la part des dirigeant d’Ennahdha, dont notamment Habib Ellouz et Ali Laârayedh, tout en précisant qu’il avait été décidé d’éliminer Chokri Belaïd, ainsi que Mohamed Brahmi, parce qu’ils étaient contre la mainmise des Frères musulmans sur la Tunisie.
Pour sa part, Me Imen Gzara a indiqué que le nom de Kamel Gadhgadhi n’a été cité au grand jour que 11 ans après l’assassinat.
Et d’enchaîner qu’il s’agit d’un crime d’Etat dans la mesure où celui-ci y a contribué avec ses mécanismes sécuritaires et judiciaires, sans oublier que le réseau d’Ansar Chariâ, interdit, agissait sous la bannière d’Al Qaïda et bénéficiait d’une couverture de la part de bras politiques au pouvoir.
Le Comité de défense du martyr assure encore que les éléments ayant perpétré le crime se déplaçaient librement avant leur arrestation, parce qu’ils disposaient d’une protection. Ils ont fait assumer au mouvement d’Ennahdha la responsabilité de l’assassinat, tout en indiquant que le procureur de la République limogé, Béchir Akremi, faisait partie de ceux ayant caché la vérité en citant les multiples obstacles et autres subterfuges posés par ce dernier pour empêcher les membres du Comité de défense de parvenir à la vérité.
Et de conclure que l’assassinat a été préparé bien avant 2013 dans le sens où la pensée salafiste jihadiste était tolérée, voire indirectement autorisée à mener ses activités.
Quant au représentant du ministère public, il a réclamé d’infliger des peines extrêmes à tous ceux dont la responsabilité et l’implication dans ce dossier sont avérées.